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Kundigui (tressage/entrelacement en langue Bambara) est une mise en contact de trois pratiques artistiques ainsi que de plusieurs éléments de cultures distinctes, ayant pour résultante : « Une donnée nouvelle, totalement imprévisible par rapport à la somme ou à la simple synthèse de ces éléments ». En ce sens, suivant la pensée d’Édouard Glissant, bien plus qu’un métissage, Kundigui est quelque chose de nouveau, qui continue de se construire au gré des mouvements du monde, en intégrant en son sein une perpétuelle hybridation.

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J'irai nager dans tes yeux, Camille Bleu-V, KUNDIGUI IFM 2024.jpg

Vous croiserez dans cette exposition des arbres et des racines, des eaux salées et des fruits sucrés ; des tresses fécondes sortant du sol comme des épis de blé et dont les grains de riz en épines nous ramènent à l’astringente histoire des colonies.

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Le travail de la coiffure, ou plutôt, nous devrions dire, le travail de la parure, est peut-être le plus évident pour parler d’identité, d’individu dans le monde, tant l’on porte sur soi la société qui nous entoure. C’est en tout cas par ce biais que s’est construite l’exposition Kundigui, entre geste traditionnel et contemporanéité : des récits et symboles resurgissent du bout des doigts des femmes. Les mains dans les cheveux, nous tressons les ADN, comme autant d’encyclopédies invisibles de nous-mêmes. 

Légende des images : 

Fatuma Faye 1, photographie numérique retouchée, Mariam Niaré et Habibatou Yaye Keita, 2023. J’irai nager dans tes yeux, sculpture en verre soufflé et cheveux synthétiques / Racines, sculpture en cheveux synthétiques aux dimensions variables, Camille Bleu-Valentin, 2023.

Elixir, Camille Bleu-V 2024.jpg

KUNDIGUI est né suite aux recherches de Camille Bleu-Valentin à Bamako avec pour ambition de donner une visibilité aux artistes maliens en ces temps de tensions diplomatiques.

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Le projet a finalement abouti à l’invitation des artistes Mariam Niaré et Habibatou Yaye Keita ; d’abord à collaborer entre elles à l’élaboration d’une série de photographies sur le thème de la coiffure : Yaye, coiffeuse de formation, a imaginé différentes coiffures en s’inspirant des coiffures traditionnelles maliennes dont les significations sont multiples (coiffure anti-divorce, coiffure nouvelle maman, Tassaju inspiré du fond d’une marmite et utilisation des coquillages cauris pour symboliser la royauté, la richesse et la féminité).

 

Mariam a ensuite pris les photos des modèles en utilisant des retouches et couleurs symbolisant les différentes ethnies présentes au Mali ainsi que les couleurs portées par les femmes bamakoises. 

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Par la suite, après une visite guidée du grand marché de Bamako avec Yaye, Camille a répondu à la série de photographies avec des sculptures dialoguant formellement avec celles-ci : « j'ai travaillé des matières importées d’ailleurs : des cheveux synthétiques et des perles en plastiques fabriqués en Chine, imprimés aux motifs américains TikTok et Facebook, mais achetés à Bamako ; ainsi que des grains de riz d’origine inconnue et des cauris probablement issus de l’océan indien ».

L’idée est de donner à voir le voyage des formes et des objets à travers le monde.

À l'instar des perles, les coquillages cauris étaient utilisés pendant les traites négrières comme monnaie pour acheter des esclaves. Des milliers de tonnes de ces coquilles ont circulé par le port de Nantes où Camille habite ; leur utilisation dans la coiffure contemporaine d’Afrique de l’Ouest est un héritage de ce passé colonial. Tout comme le riz, actuellement première céréale consommée au Mali,  est issu d’une hybridation avec des plans asiatiques pour un meilleur rendement, ou bien, directement importé d’ailleurs. Tout est une hybridation continue, en perpétuel mouvement .

Légende des images : Elixir, sculpture cauris en verre soufflé, rhum et cheveux synthétiques, dimensions variables, Camille Bleu-Valentin, 2023. Bemba kun, photographie numérique, Mariam Niaré et Habibatou Yaye Keita, 2023. Vue d'exposition à l'Institut Français de Bamako, installation Konon kun, photographies numériques, tresses, coquillages, grains de riz, Mariam Niaré, Habibatou Yaye Keita, Camille Bleu-Valentin.

Ce sont ces trois temps de création à travers le tissage de ces trois pratiques artistiques singulières qui ont donné naissance au collectif Kundigui : un collectif à 6 mains et 3 brins dont les pratiques s’entremêlent à l’instar d’une tresse pour faire son œuvre.

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Kundigui (braiding/interlacing in Bambara language) is a convergence of three artistic practices and various elements from distinct cultures, resulting in: 'A new data, totally unpredictable in relation to the sum or simple synthesis of these elements.' In this sense, following the thoughts of Édouard Glissant, more than a mixing, Kundigui is something new, continually being constructed in the course of world movements, incorporating within itself a perpetual hybridization.

Image captions:  Kamelé kuntiki, digital photography, Mariam Niaré and Habibatou Yaye Keita, 2023. Beneath the Surface, cast glass sculpture and synthetic hair, Camille Bleu-Valentin, 2023. Detail of the installation Konon kun, synthetic hair, rice grains, and cowrie shell. Exhibition view, Demba diala wall, French Institute of Mali, Bamako.

Above and to the side: Abundance, blown glass sculpture, glass bead, and synthetic hair, Camille Bleu-Valentin, 2023. Baobab 2, Habibatou Yaye Keita and Mariam Niaré, digital photography 2023. A Tear on the Cheek, blown glass bead, white gold leaf, and synthetic hair, Camille Bleu-Valentin, 2023.

Thank you to the French Institute of Paris, the city of Nantes, the French Institute of Mali, and the NGO DCA for their support.

You will encounter in this exhibition trees and roots, salted waters and sweet fruits; fertile braids emerging from the ground like wheat spikes, and rice grains in thorns reminding us of the acid history of colonies.

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The work of hairstyling, or rather, we should say, the work of adornment, is perhaps the most obvious way to speak of identity, of an individual in the world, as it reflects the society that surrounds us. In any case, it is through this avenue that the Kundigui exhibition has been constructed, between traditional gesture and contemporaneity, where narratives and symbols resurface from the fingertips of women. Hands in the hair, we braid the DNA, like invisible encyclopedias of ourselves.

KUNDIGUI was born out of Camille Bleu-Valentin's research in Bamako, the project led to the invitation of artists Mariam Niaré and Habibatou Yaye Keita. The weaving together of these three unique artistic practices gave rise to the Kundigui collective: a collective with 6 hands and 3 strands, where practices intertwine like a braid to create its work.

Une larme sur la joue, Camille Bleu-V, KUNDIGUI, 2024 INSTA FORMA.jpg
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